dimanche 6 février 2011

Quelques Avis :

Quelques avis :

Pour la femme française :
Pour avoir des avis différents, nous avons envoyés un petit questionnaire à plusieurs sociologues (Dominique Meda, Jacques Commaille, Michèle Ferrand, François de Singly...) ainsi qu'a une danseuse (Marie Claude Pietragalla), et nous avons demander à nos professeurs d'y répondre.
Seulement Dominique Meda et Jacques Commaille nous ont répondus.
Voici les deux questions que nous avons posées à chacun d'eux :
 1 => Pensez vous que l'évolution de la condition féminine dans la famille influe sur celle dans la société ou l'inverse ? Et pourquoi ?
2 => A votre avis, l'évolution de la place de la femme dans la société est elle néfaste pour les relations familiales ? Pour quelles raisons ?


Réponses des sociologues :
Questions 1 :
Dominique MEDA : 


"Oui, la place de la femme (je préfère des femmes) dans la société influe sur la place des femmes dans la famille et vice versa. Si la place des femmes dans la famille est considérée comme centrale (la femme a un rôle particulier, spécifique dans la famille, elle est "faite" ou mieux placée que quiconque pour s'occuper du foyer et surtout des enfants, on peut penser que sa place dans la société sera également spécifique. De la même manière, si les femmes bénéficient des mêmes conditions que les hommes pour obtenir un emploi et si elles accèdent comme les hommes aux emplois, aux responsabilités professionnelles, à tous les types de poste, alors on peut penser que leur place dans la famille sera également moins spécifique. Cela n'empêche en aucune manière que chaque représentant de son sexe, chaque père et chaque mère ait un comportement particulier dans la famille.

Je veux dire que ce n'est pas parce qu'il y a un partage des responsabilités professionnelles que cela induit une confusion des rôles. Mais il est évident que si les femmes ont une place plus banalisée dans la famille, elles auront plus de facilités à accéder aux diverses responsabilités dans la société."

Jacques COMMAILLE :
"La famille n’est pas un isolat à l’intérieur de la société même s’il convient, particulièrement dans nos sociétés modernes, de distinguer le privé et le public, l’intime, le domestique et le public. Au contraire, la société et particulièrement la société politique donne souvent une représentation d’elle-même en analogie avec la famille. La rhétorique politique a ainsi fréquemment usé des métaphores familiales pour valoriser sa propre représentation de l’ordre politique (la « Mère Patrie », le « Petit Père des Peuples », « la famille comme une petite démocratie » ou le pouvoir politique comme une famille dans la rhétorique réactionnaire comme celle du vicomte de Bonald, figure de la Restauration, quelque chose comme : « le Roi, comme père, le père comme chef de gouvernement, la femme comme ministre et les enfants comme sujets », etc.). L’ordre politique a souvent tenté de se donner à voir en s’attribuant ce que sont les vertus supposées de la famille : l’amour, la générosité, l’altruisme, l’oubli de soi mais aussi parfois la hiérarchie, l’autorité, l’exercice du pouvoir….tout cela comme autant de vertus « naturelles » que le politique s’attribue pour lui-même « naturaliser » ses propres vertus supposées.
En un mot la famille fait système avec la société.
Par conséquent, les transformations de la famille s’expliquent principalement par le changement de statut, de pratiques des femmes dans la société, notamment par leur entrée massive dans des activités professionnelles salariées. Un tel changement va entraîner d’autres revendications des femmes quant à leur place dans la société et, en particulier dans la société politique (la parité dans l’exercice des responsabilités politiques par exemple). Mais cette nouvelle place des femmes dans la société va également avoir des effets sur l’économie des relations au sein même de la famille. L’évolution du statut  et des comportements de la femme hors de la sphère familiale va avoir pour effet une évolution des rôles au sein même de la famille même si, en la matière une véritable bilatéralisation des statuts, une égalisation des conditions entre la femme et l’homme reste dans beaucoup de cas encore à réaliser. "
Question 2 :

Dominique MEDA :
" Non, cette évolution ne me semble pas du tout néfaste, bien au contraire, à condition qu'elle soit contrôlée. L'évolution que l'on peut espérer est celle au terme de laquelle on irait vers une plus grande participation des femmes à toutes les positions professionnelles, avec un effacement des différences actuelles de type d'emploi, de taux d'activité, d'écart salarial. Cela signifie ou bien une disparition (une délégation à l'extérieur de la famille, services public ou marché) des activités domestiques et familiales, ou bien une autre répartition, plus équitable, de celles-ci entre les hommes et les femmes. Les réactionnaires voient dans ces évolutions le risque d'une confusion des rôles et d'un effacement des différences entre hommes et femmes, rôles féminins et rôles masculins, rôle et fonctions maternelles et paternelles. Soulignons d'abord que le fait que les femmes travaillent (comme les hommes) et gagent autant qu'eux n'implique en rien que les femmes s'occupent moins de leurs enfants. Il y a simplement une question de temps. Et aussi, de plus en plus, une question de justification du fait que ce soit principalement les femmes qui prennent en charge ces activités. On peut donc espérer qu'une plus grande participation des femems au marché du travail entrainera - à condition qu'un débat social de qualité ait été mené - une meilleure répartition des responsabilités familiales à l'intérieur du foyer et entre le foyer et l'extérieur (rpole des modes d'accueil, des strcutures périscolaires...)

Jacques COMMAILLE :
" Malgré mes réserves pour répondre à une question comme celle-là, formulée de façon trop normative*, je vais tout de même prendre le risque de le faire. L’engagement massif des femmes dans des activités professionnelles salariées, associé à des engagements croissants de la part de celles-ci dans la vie sociale et politique, constitue un facteur déterminant du changement du statut de la femme au sein même de la famille. On observe en effet plus d’égalité entre la femme et l’homme dans l’accomplissement des fonctions au sein de l’univers domestique permettant une conception plus contractuelle, plus partenariale du fonctionnement de la sphère familiale. Cet engagement croissant des femmes à l’extérieur de la famille est parfois considéré comme « néfaste » pour « l’élevage » et la socialisation des enfants. Si cette question de la prise en charge des enfants est effectivement importante, sinon vitale pour le bon équilibre de la société et son avenir, si l’engagement croissant des femmes à l’extérieur de la famille remet en cause les façons dont la famille assumait jusqu’ici ses fonctions, cela doit conduire à repenser les équilibres entre vie de famille et vie hors famille mais autant pour ce qui concerne l’homme que la femme.   

*la fonction du chercheur en sciences sociales, son devoir, est d’abord de tenter de dire ce qui est, de tenter de donner sens à ce qui est avant de pouvoir prétendre dire ce qui doit être.


Réponses des professeurs :

Question1 :
Mme GALLOUIN :
"Toute société évolue dans un contexte socio-économique qui évolue également.  
Les valeurs, les normes se transforment donc, ce qui influence la condition des individus.

exemples: 

la période de prospérité des 30 Glorieuses a permis de mettre en place, au nom d'une plus grande égalité, une protection sociale assurant les salariés contre des risques. 

De même, en 1969, se crée le MLF (Mouvement de Libération de la femme) oeuvrant pour l'amélioration de la condition féminine. L'évolution de la société française après Mai 68 (anti-conformisme, plus de liberté, plus d'égalité...) n'est pas sans influence sur cette évolution de la condition féminine. 

Cependant, ces évolutions ne peuvent se faire sans l'intervention de certains acteurs qui "influencent", d'une certaine manière, l'évolution de la société.

exemples:

les organisations syndicales, dans mon 1er exemple

les groupes de pression, notamment américains (rôle des sufragettes) dans mon 2ème exemple."


Mr FONTAINE :

Questions 2 :

Mme GALLOUIN :
"Une réponse encore nuancée

Oui, l'évolution de la condition féminine est positive pour les relations familiales... si elle favorise le lien social, les relations au sein de la famille (plus d'autonomie, certes, mais plus de solidarité ) , ce qui nécessite certaines réflexions:
- sur la répartition des rôles au sein de la famille, notamment dans l'éducation des enfants
- sur la pression du contexte socio-économique, en ce qui concerne le travail des femmes, pourquoi?: travail imposé pour des raisons financières? travail choisi? travail imposé par le
  regard de la société sur les femmes "au foyer"? 
L'évolution des droits de la femme enrichit donc les relations familiales  tout en contribuant à la remise en question de leur équilibre."


 

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